La légende
du monastère d'Arges
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(fragments)
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L'Argès en aval
en moult joli val Radu-Voda va menant avec soi neuf maîtres maçons fameux compagnons et Manole - dix, le Maître, comme ils disent. Ils s'en vont chercher au fil des vallées endroit pour bâtir et pour établir un fier monastère saint lieu de prière. |
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Comme ils l'entendaient
les hommes se hataient les fils ils tendaient la place mesuraient nuit et jour peinaient l'oeuvre à achever. Mais tout ce qu'ils faisaient la nuit s'effondrait! Et ils avaient beau reprendre les travaux dès le lendemain ce n'était qu'en vain. |
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Mes chers compagnons,
apprentis, maçons, si vous saviez ce que j'ai rêvé! C'était comme une voix descendant vers moi qui disait tout bas qui disait comme ça que toute notre peine demeurera vaine sauf si nous jurons et nous engageons d'emmurer vivante la première amante, épouse chérie ou soeurette qui arrivera ici afin de porter le boire le manger au frère ou mari. |
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Comme il regardait
tout là-haut perché pauvre! que voyait? qui donc arrivait par le sentier? Son épouse aimée, douce fleur des prés, Ana! Elle venait toute haletante toute souriante venait lui porter le boire, le manger. |
Dieu de lumière,
fais tomber sur terre pluie comme on ne vit et on n'en ouït que le jour où Tu montras ton courroux! Qu'il en tombe des seaux qui dévalent par flots qu'il pleuve des rivières qu'elles effraient ma belle qu'elle change d'avis et rentre au logis! |
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Dieu de colère
fais souffler sur terre un vent affolant un vent de tourment; qu'il plie les sapins qu'il arrache les pins dévaste les campagnes renverse les montagnes! Fais que tout ceci effraie ma mie qu'elle change d'avis et rentre au logis! Dieu l'écoutait et IL l'exauçait. Alors vint soufflant un vent affolant pliant les sapins arrachant les pins Il eut beau souffler montagnes renverser l'épouse avançait sous le vent ployait mais elle continuait point ne s'arrêtait jusqu'à ce que voilà pauvre! elle arriva. |
Manole enrageait
mais il la prenait couvrait de baisers là-haut la portait au mur la mettait puis, l'air enjoué, ainsi lui parlait: - Reste-là ma mie et ne t'en soucie rien que pour blaguer allons te murer! |
Manole, Manole,
Maître Manole! fort le mur m'étreint et ma vie s'éteint. |
L'Argès en aval
en moult joli val Radu-Voda vient avec tous les siens vient s'émerveiller et s'agenouiller devant le sanctuaire saint lieu de prière le fier monastère comme on n'en voit guère... |
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